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Société des Artistes en Normandie


BIOGRAPHIE
GALERIE


Oxana XENIA
telephone : 0782214084

e-mail : xenia_maison@mail.ru

Académie des Beaux-Arts Répine, SAINT-PETERSBOURG

 

 

Xenia (Oxana Charlot) est née en 1964 en Russie. A fait ses études à l’Académie des Beaux Arts de Saint Pétersbourg, a travaillé comme guide au Musée de l’Hermitage et au Musée Russe de Saint Pétersbourg. Installée en France depuis 2010, elle enseigne le dessin à des adultes et à des enfants.

…Les personnages d’Oxana Charlot sont des habitants de métropoles (même ceux qui tentent de s’en échapper, sont voués à l’échec, tel cet homme du « Vol au-dessus de la ville », 2016). Raison pour laquelle, on peut dire qu’ils vivent entre des murs – familiaux ou sociaux. Les murs enferment, contiennent, mais aussi protègent. Sur le plan artistique, les murs ont tendance à se fondre avec la surface du tableau (« Pommes », 2018, « Intempérie » 2019, « Bagarre » 2019), de sorte que la partie figurative forme un certain relief qui emplit ingénieusement l’espace qui lui est accordé. Les tableaux d’Oxana sont contemporains : bien que de temps en temps le caractère narratif et l’expressivité psychologique des visages apparaissent, la dimension plastique et formelle des tableaux est moderniste. (Stylisation de multiples couches de peinture superposées – « Bouquet d’églantiers » 2019, « Osier rouge » 2018, déformations provoquées par des mouvements – « Balançoire » 2017, « Fille sautant à la corde » 2017, et un jeu de perspectives par la participation d’un regard extérieur, celui d’un chat – « Saint-Pétersbourg », 2019 , la lévitation des objets, presque comme chez Dali – « Déjeuner pour deux » 2018 (…).

L’artiste adresse un message au spectateur contemporain, expérimenté mais un peu lassé par des jeux conceptuels, des performances et de la stagnation générale suite au constat de la mort de l’art.

Evidemment, il paraît difficile de quitter le champ d’une « ironie post-contemporaine », mais ceci n’est pas un objectif déclaré par l’artiste. Et là, ce sont ses personnages qui « viennent à son secours », ces gens de peu et, surtout, ces enfants. On évoque le garçon plongé dans ses pensées au-dessus de l’étendue du lac (« Au lac », 2018), un adolescent déterminé avec sa trottinette ; les vieilles femmes géorgiennes, un homme à l’écharpe rouge qui monte un escalier, paradoxalement, une fille qui fait ses petits besoins. Ils ont leurs soucis, de l’autre côté, ou non loin des murs derrière lesquels on lit un grand Souci, appelé la Vie. On perçoit sur ces tableaux le principe underground de « non-participation » à n’importe quelle idéologie, mais aussi quelque chose de plus profond : « ce qui est en bas est semblable à ce qui est en haut et inversement ». Une simple vie des simples devant leurs murs, ainsi que celle des objets devant des fonds, le même tourment qui préoccupait des artistes pendant des temps troublés. Finalement, tout se réduit à la liberté de douter des espoirs et à l’espoir d’en finir avec un doute.

C’est pour cela que les tableaux d’Oxana Charlot distillent une certaine anthropologie. En narrant nombre de choses assez amères sur les Hommes (ils sont irrités ou minables, agressifs ou mélancoliques, affairés ou capricieux). L’artiste y voit l’essentiel : leur vulnérabilité. Les tableaux d’Oxana sont confidentiels, libres de toute construction intellectuelle ou d’intrigue passionnante. Un mur, une surface se transforme en une enquête anthropologique ; et cette dernière n’est qu’une page d’un journal intime.

D’ailleurs, la peinture d’Oxana est très intime. Une gamme de couleurs froides, emblématique de la plupart des tableaux, n’empêche pas l’empathie ; une peinture à plusieurs couches crée une matière complexe qui donne l’impression que plusieurs corrections ont été faites, signe d’un travail sérieux. Des raccourcis aigus, surtout dans ses natures-mortes, mais non seulement, témoignent d’un regard dansant, émotionnel ; les touches parfois accentuées servent « d’empreinte de la main, de signature garantissant l’authenticité ».  

Le « style austère » né en Union Soviétique a disparu, cédant la place à une lecture pop-art des styles archaïques de la culture mondiale ; c’est ce qu’on appelle « l’art de la mémoire ». Mais il demeure des choses transgressives : une émotion humaine profonde en présence d’une création. C’est ce que les musées et les galleries sont convoquées à protéger. C’est cette recherche qui est au coeur de l’oeuvre d’Oxana Charlot ; il faut dire que d’une façon inattendue, dans ses meilleures œuvres, elle y réussit.

Alexei Kourbanovsky, théoricien et historien d’art. Musée russe de Saint-Pétersbourg. Février 2020
 
DES GENS DE PEU QUI POUSSENT DES MURS
Parmi d’innombrables installations, objets d’art et expositions de peinture abstraite, des visages humains et des silhouettes non déformés par le sacré « c’est comme ça que je vois » mais qui nous renvoient dans une réalité reconnaissable sont comme une bouffée d’air frais après une longue plongée profonde. Il est vrai que les profondeurs nous offrent de belles merveilles surprenantes, mais tout de même, respirer de pleins poumons les pieds sur terre est un bonheur incomparable.
Etre réaliste sans chuter dans le littéralisme – c’est probablement là ou nait l’Art. (…) Pratiquement tout réalisme aujourd’hui est, ne serait-ce qu’un peu, magique. Ce qui est constant, c’est ce qui est immuable : bonté, humanité, compassion, foi, espoir, amour. Si tout ça est là, il n’y a plus de place pour le chaos et pour l’absurde.
Les tableaux d’Oxana Charlot sont humains, malgré toute ironie et une provocations innocentes (certains ont été enlevés d’une expo en France ou l’artiste habite, un pays qui, pourtant a déjà vu pas mal de choses.) Probablement, les curateurs étrangers étaient choqué de cette innocence : un bébé sans pampers, une fillette qui s’est accroupie pour faire pipi dans des broussailles ou des passagers nus et vulnérables (« Dormeurs dans un wagon de métro ») … Ceci n’est pas une tentative de jouer avec des sujets défendus mais un regard sur le monde tel qu’il est, dans des plans réels et métaphysiques. La sincérité actuellement nous met sur nos garde et nous apeure ; l’homme contemporain est dénudé soit dans son sommeil soit dans son tendre enfance. L’artiste, lui, sert d’exception.
L’enfance habite plusieurs tableaux d’Oxana. Et son ironie à l’égard des adulte épargne les enfants. Ils ne sont pas encore déformés et son magnifiques, même quand ils hurlent en déplorant un jouet cassé (« La mort du petit cheval noir ») . Les enfants de ses tableaux sont très reconnaissables ; plusieurs peuvent s’y reconnaître ou voir leur amis d’enfance et des copains de classe . En effet, est-ce qu’on ne voudrait pas avoir dans notre enfance un ami comme celui-ci, ce garçon à la trotinette, un regard fixe et sérieux vers le loin, tel un chevalier ? ( « Sur un terrain vague ») Est-ce qu’on ne vivait jamais de minutes magiques remplies de solitude et d’unité avec le monde ( «  Au lac »), ne restait seul à veiller parmi les adultes fatigués, en admirant avec tout son être le paysage derrière la fenêtre du wagon ? ( « Dans un train »)
Tout cela, nous l’avons vécu, et tout cela nous est resté tel des grains de lumière de soleil ou de lune, pour toujours, jusqu’à la fin.
Si l’on parle des adultes, nous n’y trouvons aucun lâche, aucun truand. Il y a des malheureux, il y a des pauvres, mais qui tentent de tenir (« Chanteurs »), soit des presque deshumanisés par l’agression (« Bagarre »), ceux qui s’approchent de la limite ou la franchissent (« Vol au-dessus de la ville »), mais ils portent tous sans exeption une étincelle de Dieu ; qui nous fait éco avec de la compassion, et pas avec une condescendance ou un petit sourire cynique . Il y a parmi ces adultes ceux qui ont gardé en eux un enfant, comme celui-ci, entouré d’un nimbe de cheveux gris, portant un pauvre petit sac dans sa main – qui est-il ? Un vieux musicien ? Un artiste ? Un archiviste ? (« Bonsoir, Monsieur Rozenblum »), il y a celles qui paressent être éternelles et impassibles comme des montagnes (« Vieilles femmes géorgiennes « )
A part les humains, l’espace des tableaux d’Oxana Charlot est peuplé de murs, de toitures, de radiateurs , de fenêtres et de plantes dans ces fenêtres. Et tout cela, ce n’est pas que du décor ou des modèles des nature-mortes. Il n’y a rien qui ne respirerait pas, ne chanterait pas, ne résonnerait pas, rien qui resterait terne et immobile . La balançoire monte , et tout autour se rempli de vagues, de plis, comme si la planche accrochée directement au ciel et portent un enfant heureux entraine dans son vol le reste du monde, car ce monde est incapable de rester un fond indifférent. (« La balançoire ») La corde dans les mains de la fillette en rouge vif trouble l’étroitesse d’une cour puit et en fait un passage « en cube », en creusant un passage vers l’inconnu – pas imaginé par les architectes. (« La fille sautant à la corde). La pluie et le vent troublent l’air de la rue qui, lui devient comme un reflet dans une flaque d’eau, et une vieille cage d’escalier se transforme en un espace enchanté oû l’esprit de la maison, d’aspect aristocratique ( intelliguent) envoie sa canne à pêche directement dans un mur gris comme si celui-ci était les eaux de la Néva, couleur de plomb. (« Saint-Pétersbourg ») Même les fleurs dans des vases, même les crevettes posées sur un plat et la limonade dans une cruche ne désirent pas y restertranquillement, mais s’efforcent de sortir, de faire irruption dans l’espace afin de le conquérir et y établir leur loi.
 
«Où commence le ciel ? Probablement, depuis le sol et vers le haut. D’ailleurs, ce serait difficile de dire qu’on remue le ciel lorsqu’on marche. Alors on imagine qu’il commence à partir des yeux ou de l’endroit par lequel nous y réflichissons. Décidément, l’espace entre la terre et le ciel est un lieu curieux. »
Oxana CHARLOT
Tout ce qui est animé et relativement non-animé effectivement tente de remuer le ciel et écarte les limites et les cadres, jusqu’à les casser. Du mouvement, c’est de la vie, et les tableaux d’Oxana Charlot sont pleins de vie. Non, il ne s’agit pas d’une grande joie de vie ou d’une gaité tsigane, c’est plutôt le contraire. Le coloris est assez froid et les contours des silhouettes et des objets sont sobres, on dirait des traits de craie sur un mur d’une maison de Saint-Pétersbourg, une journée grise . Mais est-ce que les petites fleurs du nord, qui voient si peu de soleil et sont obligées de percer le goudron de la rue, ont moins d’énergie et de force que leurs confrères vivants dans des tropiques ? Avec des humains, c’est un peu pareil. Des destins difficiles, des vies modestes, des gens qu’on appelle des « gens de peu » mais qui ont une capacité de générer des Miracles. Et s’ils ne savent pas toujours s’y prendre, des Artistes leur viennent au secours.
20 février 2020,
https://regnum.ru/news/cultura/2870825.html

 

 

''I-GALLERIE'' -PARIS, 2019

''GALLERIE BOREY'' SAINT-PETERSBOURG